Publication coéditée entre le centre Bang, les Éditions OQP et le Centre SAGAMIE
Le monde tel qu’il nous apparaît dans son défilement quotidien se décline sous une diversité de formes et de modalités. Ce qui le constitue dans son micro détail nous échappe, et ce qui le rend plus grand que nature nous dépasse. Ce qu’il est réellement et entièrement ne sera jamais qu’hypothèse partielle. Néanmoins, l’ère numérique dont nous sommes partie prenante nous en présente désormais sa propre perspective : celle de l’information. Tout ce qui existe est susceptible de devenir information. C’est le devenir donnée du monde avec lequel nous devons dorénavant composer. Ce devenir donnée est au cœur du travail de Paolo Almario.
Faisant partie d’une génération d’artistes pour qui le numérique est pour ainsi dire « naturel », Almario trace les contours d’une pratique où la réalité est redoublée en mode binaire et articulée autour de perspectives qui en décomposent-recomposent la complexité. Les œuvres issues de la série –formé (2013 -) sont emblématiques de cette approche. Initialement créées en réaction à l’incarcération du père de l’artiste en Colombie – à la suite de fausses accusations en lien avec sa posture politique et idéologique – les quatre installations de cette série sont constituées de portraits dont la pixellisation analogue se décompose au fil du temps. « Automatisées, éphémères,évolutives et autodestructives » – pour reprendre les termes de l’artiste – ces images portent en elles toute la consistance du réel tel qu’on le reconnaît et se laissent lire comme des amalgames de fragments qui trahissent leur nature composite. Avec les œuvres de la série –formé, nous sommes dans une logique numérique « pré-data », où se profilent les prémisses d’une œuvre telle que Datasets : Lumière : Chicoutimi (2018).