Ce livre présente la plus récente tentative de Karen Spencer, le projet Dream listener / Porteur de rêves qui s’est déroulé à Montréal. Pendant un an, Spencer a été l’alter ego d’un porteur de rêves, s’insinuant dans l’espace public avec ses propres rêves. Pour ce faire, elle a transcrit ces derniers sur de grandes pièces de carton trouvées un peu partout qu’elle a exposées dans la rue. Ces rêves-signes lui ont permis d’entamer un dialogue avec les passants et lui ont offert la possibilité de pénétrer dans le monde intime des rêves d’autrui. À la fin de chaque journée, elle a laissé le rêve-carton dans la rue sur divers sites en tant que trace de l’action. En tout, cent quatre-vingt-quatorze rêves ont ainsi été partagés.
« Des morceaux de carton affichés dans quelque environnement urbain, sur lesquels nous pouvons lire des déclarations anonymes commençant chaque fois par les mots « J’ai rêvé que… », « I dreamed of… » ou « Sueno… ». Énoncés lapidaires ou courtes narrations, ces récits de rêves tour à tour poignants, insolites ou farfelus ont été essaimés dans les rues, les parcs, les friches de Montréal toute une année durant. Au fil d’un projet de longue haleine leur auteure, l’artiste Karen Spencer, a sillonné la ville en tenant devant elle ces pancartes de fortune, dévoilant presque journellement ses rêves au passant comme pour l’inciter à lui raconter les siens. Si l’écriteau exhibé faisait d’abord office d’élément catalyseur pour la rencontre souhaitée entre l’artiste et les inconnus de passage, il était ensuite laissé quelque part à demeure dans l’espace public après cette action. »
Extrait du texte de Patrice Loubier