Je fais de l’art numérique (Julien Boily).
Cette phrase, surprenante lorsqu’elle sort de la bouche d’un peintre, a de quoi laisser l’interlocuteur quelque peu pantois. Spontanément, on aurait plutôt tendance à croire que la peinture se trouve à des années-lumière de l’art numérique. Cependant, lorsque c’est Julien Boily qui avance cette affirmation, il y a de quoi remettre en question nos perceptions.
Depuis plus de dix ans, Boily déploie une pratique pluridisciplinaire dont le métissage entre peinture classique, culture populaire et technologies se fait au profit d’une réflexion fortement enracinée dans le XXIe siècle. Jouant avec brio d’anachronismes temporels et sémantiques, le travail de l’artiste recontextualise nos référents contemporains dans une tradition picturale particulièrement codée et connotée à partir de logiciels qu’il utilise autant comme outils que sujets de ses recherches. Cette approche, exécutée avec une technicité impeccable, donne à ses œuvres une facture réaliste et harmonieuse qui, certes, ouvre la porte à notre incursion dans les univers qu’il élabore. Toutefois, le croisement quelque peu improbable entre la peinture à l’huile et le numérique génère une dissonance à la fois technique et temporelle, qui défamiliarise notre regard et met en lumière toute la complexité de son travail et la richesse de son propos […]
Audrey Careau
Une publication en collaboration avec le centre Bang.