À travers une réflexion sur l’habiter, Geneviève Thibault questionne les soi-disantes frontières entre l’espace public et l’espace privé, l’identité et l’altérité, le territoire intime et le tissu social, ainsi que les forces à l’œuvre dans l’acte d’habiter. Ses préoccupations, qui convergent toutes vers la question de la cohabitation d’un territoire, l’ont conduite vers des études autochtones, vers l’étude de l’ethnologie et la pratique des arts. Elle utilise la photographie, la vidéo et l’écriture pour donner forme à ses questionnements dans différents espaces, réels ou virtuels.
Sa pratique se déploie au contact de l’altérité, dans les environnements domestiques qu’elle visite à l’improviste. Depuis 2016, elle poursuit la manœuvre artistique J’habite au 148 qui consiste à visiter à l’improviste les personnes qui vivent au 148, à échanger sur des sujets non déterminés d’avance, puis à créer une représentation de la personne à travers l’écriture et la photographie d’un fragment de l’espace privé. Le geste — sortir de chez elle et cogner aux portes d’inconnu.e.s — participe à son émancipation des systèmes auxquels elle se sent aliénée. Ses recherches actuelles visent la transformation de ses méthodes et l’amélioration de l'équilibre des relations interpersonnelles qu’elle provoque. Durant sa résidence, l’artiste travaillera sur le livre photographique J’habite au 148. Elle réfléchira à créer une forme plus conviviale du document d’entente entre elle et les personnes qu’elles rencontre aux adresses 148.
Impliquée dans le milieu artistique bas-laurentien, Geneviève Thibault vit et travaille à Matane. Elle est boursière au Conseil des arts du Canada et au Conseil des arts et des lettres du Québec et lauréate 2019 du Prix international des Nouvelles Écritures (Freelens, France) pour la petite œuvre multimédia L’amour, la mort… Elle enseigne la photographie au Cégep de Matane tout en poursuivant une Maîtrise en Pratiques des arts à l’Université du Québec en Outaouais.